Une déclaration sur le Paradis hermétique et confuse
Observation n° 15 : il y a une déclaration sur le Paradis hermétique et confuse
L'Osservatore Romano déclare :
Dans le volume II, page 772, on lit : « Le Paradis est lumière, parfum et harmonie. Mais si le Père ne se délectait pas, dans la contemplation de la Toute Belle qui fait de la Terre un paradis, mais si le Paradis devait dans le futur ne pas avoir le Lis vivant dans le sein duquel sont les Trois pistils de feu de la divine Trinité, la lumière, le parfum, l'harmonie et la joie du Paradis seraient diminués de moitié ». On présente une notion hermétique et plus confuse que jamais, ce qui est heureux, car si on devait la prendre à la lettre, elle n'échapperait pas à une censure sévère.
Nous avons retrouvé cet extrait, et nous proposons au lecteur de lire le contexte qui entoure cette déclaration. Jésus est alors avec Marie-Madeleine, la sœur de Lazare et celle-ci regrette de ne pas avoir une âme aussi pure qu'elle le voudrait, compte tenu de sa vie passée.
Jésus remarque le soupir qu'elle étouffe, et il lit le regret que voile un sourire. Il guérit tout de suite la peine de Marie.
« Les âmes pures, où y en a-t-il, Marie ? Il est plus facile à une montagne de se déplacer qu'à une créature de savoir se maintenir pure des trois impuretés. Trop de choses s'agitent et fermentent autour d'un adulte. Et il ne peut toujours empêcher qu'elles pénètrent à l'intérieur. Il n'y a que les enfants qui ont l'âme angélique, l'âme préservée par leur innocence des connaissances qui peuvent se changer en fange. C'est pour cela que je les aime tant. Je vois en eux un reflet de la Pureté infinie. Ce sont les seuls qui portent avec eux ce souvenir du Ciel.
Ma Mère est la femme à l'âme d'enfant. Plus encore. Elle est la Femme à l'âme angélique. Telle Ève sortie des mains du Père. Imagines-tu, Marie, ce qu'aura été le premier lys fleuri dans le jardin terrestre ? Ils sont si beaux aussi ceux qui conduisent à cette eau. Mais le premier sorti des mains du Créateur ! Était-ce une fleur ou un diamant ? Était-ce des pétales ou des feuilles d'argent très pur ? Eh bien, ma Mère est plus pure que ce premier lys qui a parfumé les vents. Et son parfum de Vierge inviolée emplit le Ciel et la Terre, et c'est derrière elle que marcheront ceux qui seront bons dans les siècles des siècles.
Le Paradis est lumière, parfum et harmonie. Mais si en lui le Père ne se délectait pas dans la contemplation de la Toute Belle qui fait de la Terre un paradis, mais si le Paradis devait dans l'avenir ne pas posséder le Lys vivant dans lequel se trouvent les trois pistils de feu de la Divine Trinité, lumière, parfum et harmonie, la joie du Paradis seraient amoindris de moitié. La pureté de la Mère sera la gemme du Paradis.
Mais le Paradis est sans limites ! Que dirais-tu d'un roi qui n'aurait qu'une gemme dans son trésor ? Même si c'était la gemme par excellence ?
Quand j'aurai ouvert les portes du Royaume des Cieux... -- ne soupire pas, Marie, c'est pour cela que je suis venu -- beaucoup de justes et de petits entreront, troupe candide derrière la pourpre du Rédempteur. Mais ce sera encore peu pour peupler les Cieux de gemmes et former les citoyens de la Jérusalem éternelle. Et ensuite... lorsque la Doctrine de Vérité et de Sanctification sera connue par les hommes, lorsque ma Mort aura redonné la Grâce aux hommes, comment les adultes pourraient-ils conquérir les Cieux, si la pauvre vie humaine est une fange continuelle qui rend impur ? Alors donc est-ce que mon Paradis appartiendra aux seuls petits ? Oh ! non ! Il faut savoir devenir des enfants, mais c'est aussi aux adultes qu'est ouvert le Royaume. Comme des petits... Voilà la pureté.
Tu vois cette eau ? Elle paraît si limpide, mais observe : il suffit qu'avec un jonc j'en remue le fond pour qu'elle se trouble. Des détritus et de la boue affleurent. Son cristal devient jaunâtre et personne n'en boirait plus. Mais si j'enlève le jonc, la paix revient et l'eau revient peu à peu à sa limpidité et à sa beauté. Le jonc c'est le péché. Il en est ainsi des âmes. Le repentir, crois-le, est ce qui purifie les âmes... » (EMV 377).
Jésus parle de sa Mère en parlant auparavant du Paradis terrestre et de la pureté des âmes, notamment celle des enfants et des innocents. Concentrons-nous maintenant sur la partie qui a posé problème à l'Osservatore Romano :
Le Paradis est lumière, parfum et harmonie. Mais si en lui le Père ne se délectait pas dans la contemplation de la Toute Belle qui fait de la Terre un paradis, mais si le Paradis devait dans l'avenir ne pas posséder le Lys vivant dans lequel se trouvent les trois pistils de feu de la Divine Trinité, lumière, parfum et harmonie, la joie du Paradis seraient amoindris de moitié. La pureté de la Mère sera la gemme du Paradis.
Prenons deux choses en considération.
D'abord, le Paradis est, par essence, un lieu parfait, un lieu béatifique, puisque c'est là que réside le Seigneur et la Trinité Sainte.
Ensuite, le Père se délecte dans la Toute-Belle, parce que Marie a un cœur, un esprit et une âme virginale, une âme d'une telle pureté qu'il peut poser son regard sur la Terre sans être dégoûté par le péché qui a inondé tous ses enfants. Il se complaît en sa Bien-Aimée, parce qu'il l'aime et qu'elle lui rend son amour, en se préservant volontairement de tout mal qui pourrait blesser le Seigneur ou son âme.
La joie du Paradis serait-elle amoindrie de moitié si Marie n'avait pas été élevée au Ciel ? Il ne faut pas le comprendre en termes de degrés de béatitude, comme une première interprétation pourrait le croire. Un lieu parfait est un lieu inaltérable : la joie qu'on y trouve ne peut donc diminuer. Par contre, on sait que chaque saint et bienheureux qui entre au Ciel est comme une gemme du Paradis, un joyau qui augmente la joie du Seigneur et la nôtre, car notre âme est sauvée, et la Trinité Sainte peut enfin déverser sur nous son amour et sa tendresse, sans plus se retenir comme lorsque nous sommes sur la Terre26.
Si Marie n'entrait donc pas au Ciel, Dieu serait privé de sa présence et ne pourrait se complaire en elle et elle en Lui ; sa gloire n'augmenterait pas27 car il ne pourrait pas accueillir son Enfant en son sein ni déverser sur lui ses trésors de grâce. Le Seigneur -- et le Paradis -- serait donc privé de sa présence, et la joie du Ciel ne pourrait pas augmenter en contemplant la Mère de Dieu. La joie du Paradis serait donc amoindrie de moitié car Marie possède, à elle seule, autant de gloire que tous les saints du Paradis.
Pour l'expliquer autrement, nous pouvons diviser la gloire du Paradis en deux moitiés :
-
L'une reprend toute la gloire des saints et des bienheureux réunis.
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L'autre reprend la gloire de Marie qui est aussi grande que celle de tous ses enfants réunis.
Si on enlève Marie, il ne nous reste qu'une demie, la joie du Paradis serait donc amoindrie de moitié en son absence. La joie parfaite du Ciel n'augmenterait donc pas si elle ne devait jamais y entrer.
Nous pensons donc qu'il faut comprendre ce texte par rapport aux bienheureux, qui rajoutent toujours un éclat de gloire au Sauveur lorsqu'ils sont sauvés.