Marie, Pierre et la hiérarchie ecclésiastique
Observation n° 16 : [on trouve] une affirmation étrange et imprécise. « Toi, pendant le temps que tu resteras sur Terre, tu seconderas Pierre « comme hiérarchie ecclésiastique ».
Marie n'est pas destinée à seconder Pierre dans la hiérarchie ecclésiastique d'alors.
Marie est la Mère de l'Église naissante et elle est respectée et vénérée par tous les apôtres. Elle ne prétend toutefois jamais s'insérer dans la hiérarchie de l'Église. De même, aucun des apôtres n'insinue quelque chose de tel, mais ils savent qu'elle est toujours là pour eux et pour leur apporter des conseils. Après le départ du Christ, ils avaient besoin de sa présence toute maternelle. Il est d'ailleurs probable qu'elle ait non seulement aidé les apôtres, mais aussi d'autres disciples qui avaient besoin de son soutien.
Cela ne veut cependant pas dire qu'elle a une autorité ecclésiastique. Elle est certes l'un des piliers sur lequel se construit l'Église, mais sa présence est toujours très humble et discrète. Elle n'équivaut donc pas Pierre, ne le remplace pas, et ne sabote pas son autorité. De même, elle n'apparaît jamais comme une cheffe qui conduit l'Église. Ce n'est pas le tempérament de Marie, quand bien même elle est la Mère du Christ.
Jésus lui-même évoque la naissance de l'Église à ses apôtres, en évoquant les rôles de Pierre et de Marie :
Je pourrai m'en aller tranquille quand viendra l'heure. Je ne dois pas craindre pour mon Église. À ce moment-là, elle sera petite et chétive comme Marziam. Mais ma Mère sera là pour la tenir comme cela par la main et lui servir de mère ; et il y aura Pierre pour lui servir de père. Dans sa main honnête et calleuse, je peux, sans aucun souci, mettre la main de mon Église naissante. Pierre lui donnera la force de sa protection, ma Mère la force de son amour (EMV 199.6).
Leurs rôles sont bien distincts : Marie fera grandir l'Église par son amour, Pierre par sa force, sa fermeté et sa protection paternelle. Ils n'empièteront pas sur l'autre, et seul le pécheur de Galilée aura le rôle de chef. Cela est maintes fois répété dans l'œuvre (EMV 132, EMV 313, EMV 343, EMV 596...). On ne peut donc avoir de doutes sur la primauté de Pierre. Marie, quant à elle, montre bien son désir d'avoir une vie de prières après l'Ascension, tout en étant à la disposition de l'Église et des apôtres. Elle vivra ainsi à Gethsémani après la mort de Jésus, aux côtés de Jean et sera toujours là pour l'Épouse de son Fils.
Durant sa vie publique, Jésus confie à sa Mère son héritage alors qu'il se retrouve seul avec elle. Il lui parle d'abord de ses apôtres et il déclare :
Dès maintenant je te les confie, Mère. Souviens-toi de ces mots : je te les confie. Je te donne mon héritage. Je n'ai rien d'autre sur terre qu'une Mère : elle, je l'offre à Dieu, Hostie avec l'Hostie ; et mon Église : c'est à toi que je la confie. Sois pour elle une nourrice. Il y a peu de temps, je pensais aux nombreux hommes en qui, au cours des siècles, revivrait l'homme de Kérioth avec toutes ses tares. Et je pensais que tout autre que Jésus repousserait cet être taré. Mais moi, je ne le repousserai pas. Je suis Jésus. Toi, pendant le temps que tu resteras sur la terre, sois soumise à Pierre pour ce qui tient à la hiérarchie ecclésiastique, lui comme Chef et toi comme fidèle, mais la première avant tous comme Mère de l'Église puisque tu m'as enfanté, moi, le Chef de ce Corps mystique ; toi, ne repousse pas les nombreux Judas. Mais secours-les et apprends à Pierre, à mes frères, à Jean, Jacques, Simon, Philippe, Barthélemy, André, Thomas et Matthieu à ne pas repousser, mais à secourir. Défends-moi dans ceux qui me suivent, et défends-moi contre ceux qui voudront disperser et démembrer l'Église naissante. Et au cours des siècles, Mère, sois toujours celle qui intercède et protège, défend, aide mon Église, mes prêtres et mes fidèles, contre le Mal, contre le châtiment, contre eux-mêmes... Que de Judas, Mère, au cours des siècles ! Et combien qui ressemblent à des déficients incapables de comprendre, à des aveugles qui ne savent pas voir, à des sourds qui ne savent pas entendre, ou à des estropiés et des paralytiques qui ne savent pas marcher... Mère, prends-les tous sous ton manteau ! Toi seule peux et pourras changer les décrets de châtiment de l'Eternel pour un ou pour plusieurs. Car la Trinité ne pourra jamais rien refuser à sa Fleur (EMV 455.5).
D'une part, Marie est la première avant tous, car elle a cru dès l'instant de l'Annonciation et a donné son Fils au monde : elle a enfanté le « Chef de ce Corps mystique » et est de ce fait Mère de l'Église. D'autre part, Jésus lui demande bien d'être soumise à Pierre en tant que fidèle : lui seul sera chef de l'Église, comme elle seule en sera la Mère pour les siècles des siècles.
Nulle part Marie n'est seconde après Pierre. Elle est la Mère du Christ et la Mère de l'Église naissante : en cela, son rôle est unique. Elle aidera ainsi toujours les apôtres à façonner l'Église, mais dans une belle harmonie, telle que voulue par son Fils.