Le récit se déroule au rythme de lents bavardages et on y trouve des faits nouveaux
Observation n° 8 : Le récit se déroule au rythme lent de vains bavardages ; on y trouve de nouveaux faits, de nouvelles paraboles, de nouveaux personnages et tout un cortège de femmes à la suite de Jésus.
Répondons point par point.
Le récit se déroule au rythme lent de vains bavardages ?
Il est difficile d'en juger car il s'agit-là d'une opinion subjective. Pour certains lecteurs, les nombreux dialogues de l'EMV seront lents et inutiles, pour d'autres, il s'agira de conversations édifiantes qui les porteront à réfléchir aux côtés des disciples et des apôtres.
Il est cependant certain qu'on trouve de nombreux dialogues dans les dix tomes de L'Évangile tel qu'il m'a été révélé. On peut postuler qu'ils sont utiles pour trois raisons.
Premièrement, ces discussions nous plongent dans le quotidien du Christ et du groupe apostolique. Qu'on considère que ces révélations soient authentiques ou non, elles peuvent toujours nous servir de méditations spirituelles, car les apôtres, les disciples et le peuple d'Israël sont humains, comme nous. On peut donc s'identifier à leurs doutes, à leur foi, à leur cheminement, et progresser avec eux au fil de notre lecture. Rappelons que saint Ignace préconisait d'imaginer l'Évangile comme si on y était dans ses Exercices spirituels. On peut donc très bien méditer à partir de n'importe quel texte spirituel pour entrer dans l'Evangile, tant qu'on exerce notre discernement et notre réflexion pour voir si ça ne contredit pas la doctrine catholique.
Deuxièmement, ces conversations peuvent nous révéler des détails anecdotiques, qui sont d'une grande richesse pour les chercheurs de notre époque. C'est le cas de Jean-François Lavère qui a pu confronter bon nombre d'affirmations des personnages valtortiens avec nos connaissances actuelles. Dans l'immense majorité des cas, il a conclu que ces affirmations étaient exactes, cohérentes, décisives ou possibles. Nous renvoyons le lecteur à L'Enigme Valtorta pour découvrir ses résultats et sa méthodologie.
Troisièmement, ces dialogues sont intéressants car elles contiennent bien souvent une pépite spirituelle. Ne citons que deux exemples pris au hasard : l'EMV 47 ou l'EMV 124. Le premier reprend Jean 1, 37-3917 : il reste fidèle à l'écrit canonique, mais le développe. Le second aborde les difficultés du groupe apostolique durant un séjour à la Belle-Eau. La conversation aboutit entre autres à un commentaire édifiant de Jésus. Nous pensons que l'âme peut donc abondamment se nourrir de ces dialogues pour réfléchir et se fortifier dans la foi.
On y trouve de nouveaux faits, de nouvelles paraboles, de nouveaux personnages et tout un cortège de femmes à la suite de Jésus.
Comme nous l'avions dit dans le chapitre 2, l'Évangile rapporte une version très réduite de la vie de Jésus. Cela peut s'expliquer par leur date de rédaction. Si on en croit la dictée de Jésus à Maria Valtorta, Matthieu a écrit l'Évangile quinze ans après la vie publique du Christ18. Quant aux autres, à savoir Marc et Luc, « ils l'ont fait encore plus tard, et après en avoir entendu le récit de ma Mère, de Pierre, ainsi que des autres apôtres et disciples »19. Jean, enfin, est le dernier à avoir écrit son Évangile, mais « en vrai fils de la Lumière, [il] s'est occupé et préoccupé de faire briller la Lumière à travers son vêtement de chair aux yeux des hérétiques qui attaquaient la réalité de la Divinité enfermée dans une chair humaine. Le sublime évangile de Jean a atteint son but surnaturel, mais la chronique de ma vie publique n'en a pas été aidée »20.
L'Evangile a donc été écrit des années plus tard, mais même si les évangélistes ont été soutenus par l'Esprit Saint, ils restent des hommes, « élus, mais pas encore glorifiés »21. Ils ne pouvaient donc pas tout retransmettre humainement parlant et devaient avant tout se préoccuper des âmes qu'ils devaient amener à la Lumière. Chaque Évangile a donc eu un but particulier. Matthieu a tenu à décrire le Fils de l'Homme, Marc a mis en avant la figure du divin Thaumaturge, pour conquérir les païens, et Luc a complété l'Évangile de l'Enfance, en mettant en avant Marie. Jean a quant à lui mis en avant la Divinité du Christ22. Dès lors, « chaque évangéliste a servi à composer la mosaïque qui nous révèle Jésus Christ Homme-Dieu, sauveur, maître, rédempteur, vainqueur de la mort et du démon, juge éternel et Roi des rois pour l'éternité »23.
Néanmoins, comme nous l'avions souligné au deuxième chapitre, les évangélistes ne rapportent que partiellement les paroles du Christ. Il s'agit d'une allusion plutôt que d'une version. Maria Valtorta, elle, suit le Christ au jour le jour. Il ne faut donc pas s'étonner qu'elle nous fasse découvrir de nouveaux faits, de nouvelles paraboles et de nouveaux personnages. Tous les faits ne peuvent être vérifiés en eux-mêmes : il est difficile de savoir si le Christ a bien rencontré des paysans et fait tel ou tel miracle. Mais les déplacements de Jésus aux quatre coins de la Palestine a fait l'objet d'une analyse par Jean-François Lavère, et il en est arrivé à la conclusion qu'ils étaient parfaitement plausibles (cf. L'énigme Valtorta, p. 122-138). Les paraboles aussi sont nouvelles, mais elles respectent totalement l'esprit de l'Évangile : aucune ne nous a semblé heurter la vérité catholique. Quant aux personnages, leurs existences ont pour la plupart été vérifiées et attestées. Comment une femme grabataire en plein milieu du XXe siècle pouvait savoir que de tels individus avaient vécu il y a 2000 ans ? Là encore, nous renvoyons à l'étude de Jean-François Lavère, dans son livre L'énigme Valtorta qui est une précieuse mine d'informations pour analyser cette œuvre monumentale.