Jésus est loquace à l'excès
Observation n° 2 : dans cette sorte d'histoire romancée, Jésus est loquace à l'excès
Jésus est loquace. C'est vrai, mais ce n'est pas un fait nouveau. L'Évangile souligne depuis longtemps les longs discours du Christ. Ainsi, Marc déclare : « Il se mit à les enseigner longuement » (Marc 6, 34). Ailleurs, il souligne : « Jésus se mit de nouveau à enseigner au bord de la mer de Galilée. Une foule très nombreuse se rassembla auprès de lui (...). Il leur enseignait beaucoup de choses en paraboles » (Marc 4, 1-2). N'oublions pas non plus le sermon sur la montagne (Matthieu, chapitre 5 à 7) ou encore les longs développements du Christ dans l'Évangile de Jean (chapitre 13-14).
Il ne faut pas s'étonner de ces longs enseignements du Christ. Jésus est un rabbi, il conseille donc tout le peuple d'Israël. On vient le trouver ou on l'invite à parler dans les synagogues et les places publiques. Il est aussi le Messie et le Fils de Dieu : son but est donc d'annoncer la Bonne Nouvelle et l'Évangile au peuple hébreu qui l'attend depuis des siècles. Il n'y a dès lors rien d'étonnant à ce que le Christ enseigne le peuple juif autant qu'il le peut. Il sait que son aurore sera courte et que son crépuscule viendra bientôt. Aussi, Jésus parle, il transmet sa Sagesse éternelle, et est heureux, profondément heureux, quand sa Parole est accueillie dans des cœurs remplis de bonne volonté.
Celui qui lit l'œuvre de Maria Valtorta découvre aussi que Jésus parle longuement, mais il se rend également compte que Jésus sait être silencieux. En effet, bien souvent, le Christ se tait, médite et prie. Il n'est pas rare que ses regards valent plus qu'un long discours : ne citons que l'épisode où Jésus se trouve chez Simon le pharisien (EMV 236), l'épisode où son regard caresse toutes les terres de Palestine (EMV 474), ou encore, la guérison lumineuse d'une enfant pour laquelle il ne prononce qu'une parole : « Oui » (EMV 331).
Jésus s'isole souvent dans l'Œuvre. Cela lui est nécessaire pour prier, se ressourcer dans le Père et affronter le monde (EMV 62, EMV 274, EMV 538). Même durant ses pérégrinations, Jésus s'absorbe souvent dans ses pensées (EMV 291) et n'en sort qu'à l'intervention de ses apôtres, qui ont des questions à lui poser.
Maria Valtorta elle-même le remarque :
Jésus était la « Parole », mais il n'était certainement pas le « bavardage » ! Patient et gentil comme nul autre, sans jamais montrer d'être ennuyé de devoir répéter une idée, une, deux, dix, cent fois, pour la faire entrer dans les têtes cuirassées par les préceptes pharisaïques et rabbiniques, sans se soucier de sa fatigue, qui parfois est si grande qu'elle devient une souffrance, pour enlever la souffrance physique ou morale à une créature. Mais il est visible qu'il préfère, se taire, s'isoler dans un silence méditatif qui peut durer plusieurs heures s'il n'y est pas arraché par quelqu'un qui l'interroge (EMV 474.1).
Du reste, pourquoi s'étonner que Jésus enseigne si profondément le peuple d'Israël et les âmes qui sont ouvertes à son enseignement ? Jésus est le Verbe de Dieu, la Parole fait chair. Il est venu dans le monde pour faire connaître la Pensée du Père. Doit-on croire que tout ce qu'il a dit est contenu dans l'Évangile ? L'essentiel y est contenu, oui. L'Esprit Saint y a veillé et la Providence divine a toujours guidé l'Église pour ce qui a trait à l'Écriture Sainte et à son Magistère. Mais l'Évangile ne contient certainement pas tout ce que le Seigneur a dit ou a fait : il s'agit là des paroles essentielles qu'il a transmises par le biais de ses évangélistes. Le Christ affirme d'ailleurs au petit Jean11 : « Les évangélistes rapportent des versions de mes paroles très réduites, jusqu'à en être squelettiques : une allusion plus qu'une version. Cela les prive du style littéraire que je leur avais donné » (30 septembre 1947). Maria, elle, entend tout et retranscrit tout immédiatement. Il est donc normal que les discours du Christ aient plus d'ampleur et soient plus approfondis que ceux du Nouveau Testament, qui a été rédigé des années après la vie du Seigneur12.
Notons par ailleurs que l'œuvre de Maria Valtorta ne nous a pas tout révélé sur la vie du Christ. En effet, Jésus déclare : « Même après avoir lu et accepté cette illustration de ma vie publique, vous ne connaissez pas tout de moi. J'aurais fait mourir mon petit Jean d'épuisement, si je lui avais demandé d'être le chroniqueur de toutes les journées de mon ministère, et de toutes les actions accomplies en chacune de ces journées, si je lui avais fait connaître tout pour qu'il vous transmette tout ! » (EMV 652). Pour le reste, le Seigneur est en droit de se révéler à qui il veut, quand il le veut, cela pour nous faire découvrir les trésors de sa Parole.
Maria Valtorta n'est ni la première, ni la dernière à qui il se manifeste pour éclairer les âmes qui sont dans les ténèbres. L'œuvre de cette auteure italienne nous fait découvrir un Jésus bien vivant, qui nous explique l'Évangile comme si nous étions à ses côtés. Et nous aurions tort de nous en priver !