3 - P. Augustin Bea, sj
Le moins que l'on puisse dire, c'est que le P. A. Bea fut troublé par le nouvel examen (17 octobre 1952) auquel il s'adonna (pp. 63-77) à la demande du Saint-Office dans la suite de la pétition que fit parvenir, le 29 janvier 1952, Mgr Carinci à Pie XII. Le P. Bea faisait partie des 9 personnalités signataires de la pétition qui demandaient au Saint-Père la désignation d'un arbitre pour statuer sur l'œuvre de Maria Valtorta. Une œuvre que le P. Bea, confesseur de Pie XII soutenait, mais dans des limites qu'il amplifiera dans le second examen qu'il pratiqua. Ses premières conclusions, compte-tenu des points remarquables qu'il avait vus, le conduisaient à considérer que " l'Œuvre de Maria Valtorta ne devrait pas être publiée comme provenant de visions ou d'états spirituels extraordinaires, mais simplement, et sans nom d'auteur, comme une "Vie de Jésus, racontée et illustrée pour le peuple catholique".
Quelques mois plus tard, examinant l'œuvre plus à fond et troublé par ce qu'il rencontre, ce qui était pour lui un bon livre édifiant, devient une œuvre entachée de trop de questions et demande à suspendre sa publication. Au long de ses pages se mêlent les raisons de s'étonner et les raisons de se choquer. Le lecteur doit être attentif car A. M. intercale ses commentaires sans qu'on sache parfois qui en est l'auteur.
On est parfois surpris des lacunes du P. Bea. Cet exégète honnête reprend des affirmations de Vaccari sans esprit critique. Il s'interroge par exemple si la phrase de Jésus parlant de la Trinité dans Maria Valtorta: "Dieu engendre seulement un autre soi-même" (EMV 487.6) ne désignait pas une autre Dieu que le Dieu unique ("Un autre Dieu ?", p. 75). Ni lui, ni Vaccari n'ont identifié qu'il s'agit de l'affirmation reprise plus tard dans le credo (symbole de Nicée) "Il est Dieu né de Dieu ... engendré et non pas créé".
De même quand il s'agit de l'incarnation de Satan en Judas rapporté par Jésus dans Maria Valtorta (EMV 587.3), ils ne reconnaissent pas le sens que donnaient les Docteurs de l'Eglise (St Jean Chrysostome, St Augustin, St Thomas d'Aquin) à l'affirmation de l'Evangile: "quand Judas eut pris la bouchée, satan entra en lui" (Jean 13,27). ou "Satan entra en Judas" (Luc 22,3). Le média Marie de Nazareth a parfaitement explicité ce point (et d'autres) dans sa réfutation de l'étude de don Guillaume Chevallier reprenant les éléments d'Alberto Vaccari26.