Propos n° 2 : une autorisation du Pape invraisemblable
Selon les Dominicains d'Avrillé, le père Migliorini, « prétend avoir été reçu en audience, en compagnie du père Berti, par le pape Pie XII en février 1948, et le pape leur aurait dit de publier l'œuvre telle quelle, en ajoutant : « Qui lira, comprendra. » Cette autorisation orale du pape paraît invraisemblable : le pape n'aurait pu raisonnablement donner une telle autorisation que s'il avait lu l'ouvrage et s'était assuré de son orthodoxie ; mais comment le pape aurait-il trouvé le temps de lire ces 10 000 pages ? »
Pour commencer, l'audience est une réalité puisqu'elle a été attestée par l'Osservatore Romano lui-même. Ce n'est donc pas une affabulation du père Migliori (nous renvoyons au fac-similé de l'O.R. le jour suivant6).
Ensuite, le Pape est en droit de donner son opinion oralement, ce compris de recommander la publication de l'œuvre. Voici ce qu'il déclara au Père Migliorini, au Père Berti et Cecchin.
Publiez l'œuvre telle quelle. Il n'y a pas lieu de donner une opinion quant à son origine, qu'elle soit extraordinaire ou non. Ceux qui liront comprendront.
Il s'agit-là d'une opinion personnelle, qui ne supplante pas celui de l'Église, et d'ailleurs, le Vicaire du Christ demande à la fin de l'audience que l'œuvre reçoive l'imprimatur d un évêque. En d'autres termes, il souhaite à ce que les écrits valtortiens respectent les règles de l'Eglise alors en vigueur.
Maintenant, est-ce que cette autorisation orale est invraisemblable ?
Mentionnons d'abord que l'œuvre fait 4000 pages dactylographiées et non 10.000. C'est déjà une différence de taille.
Ensuite, on imagine mal que le Vicaire du Christ ait reçu en audience les trois prêtres s'il n'avait pas eu au préalable connaissance de l'œuvre de Maria Valtorta. Voici ce qu'on trouve dans l'Affidavit7 du Père Berti (réalisé le 8 décembre 1978)8. Il s'agit d'un témoignage sous serment qui atteste les événements qu'il a vécus. Il réitéra son témoignage peu avant sa mort, en 1980.
Comme les écrits de Maria Valtorta se présentaient comme émanant de visions surnaturelles et des dictées, le Père Corrado M. Berti, déjà cité, a pris conseil de deux personnes très expérimentées : S.E. Mgr. Alphonse Carinci, secrétaire de la Sacrée Congrégation des Rites, et vicaire pour les Causes des Saints, et Mgr Augustin Bea, SJ, confesseur du pape Pie XII et Recteur et professeur de l'Institut biblique pontifical de Rome. Les deux lui conseillèrent de dactylographier des copies de ces écrits et de les transmettre à Sa Sainteté le Pape Pie XII, par le biais d'un prélat de la secrétaire d'État.
Pie XII prit personnellement connaissance de ces écrits, comme j'en ai eu l'assurance du porteur lui-même du texte dactylographié. Et le 26 Février 1948, le Souverain Pontife reçu en audience spéciale -- attestée par L'Osservatore Romano de ce jour -- le P. Corrado Berti accompagné de deux confrères : le P. Romualdo M. Migliorini, ex-préfet apostolique en Afrique, et le Père Andrea M. Cecchin, prieur de l'Ordre international des Servites de Marie à Rome, et [le Pontife] prononça les paroles suivantes in extenso : "Publier ce travail comme il est, celui qui lira comprendra." Et il ajouta : "On entend parler de tant de visions et de révélations, je ne dis pas que toutes sont vraies, mais certaines d'entre elles pourraient être vraies".
Le Père Berti demanda au Pape si l'on devait retirer les mentions : "visions" et "Dictées" [du poème avant de le publier]. Et il répondit que rien ne devait être enlevé. Dès que les trois prêtres furent sortis de l'audience papale, ils s'arrêtèrent dans les escaliers et écrivirent sur un papier les mots in extenso du pape, afin de ne jamais les oublier9.
Le Pape avait bien pris connaissance de l'Œuvre, et parlait en connaissance de cause. Quant à ses paroles qui ont été rapportées par les trois témoins, on peut les juger exactes s'ils les ont notées directement après l'audience, comme le suggère l'extrait ci-dessus.