Propos n°1 : Maria Valtorta est morte en 1961 « dans un isolement psychique incompréhensible » (aliénée).

Allons-y par étape et commençons par définir ce qu'est une personne aliénée.

Dans le dictionnaire, une personne aliénée est un fou. Il s'agit plus précisément « d'une personne atteinte d'aliénation mentale dont l'état nécessite l'internement dans un hôpital psychiatrique » (Le Petit Robert).

Maria Valtorta a bien connu une sorte d'isolement psychique à la fin de sa vie, c'est un fait indéniable. Elle n'a cependant jamais été considérée comme démente et a vécu jusqu'à sa mort dans sa maison, à Viareggio. Marta Diciotti l'a assistée quotidiennement jusqu'à son trépas et la mystique italienne n'est donc jamais allée dans un établissement spécialisé pour « soigner » son état physique et moral. Son aide-soignante n'a d'ailleurs jamais estimé utile de la mettre dans un hôpital psychiatrique, signe qu'elle n'avait aucun problème pour prendre soin de sa patiente.

L'écrivaine a bien sûr été examinée par plusieurs spécialistes3.

Le Professeur Giovanni Geminiani, qui a travaillé à l'ancien hôpital psychiatrique de Maggiano, à 20 kilomètres de Viareggio, a rencontré personnellement Maria Valtorta. Il a ensuite déclaré à Emilio Pisani que "le fou est celui qui prend Maria Valtorta pour une folle".

Le Docteur Francesco Marciante qui a travaillé à l'Université de Palerme, en Sicile, a lui aussi réfuté une aliénation mentale, et a particulièrement étudié les lettres et les écrits valtortiens via un Manuel de diagnostic et de statistique des troubles mentaux.

Alors comment expliquer l'état de l'écrivain à la fin de sa vie ?

Jésus avait promis à Maria que, même après avoir reçu ses visions, il viendrait toujours la voir. "Tu contempleras seulement", lui dit-il. "Et tout sera beau" (16 mars 1947).

Presque un mois plus tard, le 18 avril 1947, Maria confie à sa mère spirituelle avoir tout offert à Dieu, y compris son intelligence.

Commençons par un mot que Jésus m'a dit : une perle, un guide, une dentelle. [...] Le voici : "La mesure à atteindre pour être saints dans la mesure que Dieu exige de l'âme ? Donner en proportion de ce qui a été reçu" et à moi, en particulier, il me dit : "Je t'ai tout donné. Alors donne-moi tout".

Je pensais avoir déjà tout donné, mais je compris que ce n'était pas le cas. Je cherche ce qu'il me reste à donner [...] La vue, l'intellect et la satisfaction de voir l'Œuvre approuvée. D'accord ! Que Dieu prenne, exclusivement de moi, ce qu'il veut. Je demande à sa justice de laisser la maison à Marta qui, à son tour, m'a tout donné4.

C'est à partir de 1956 que Maria semble se détacher de la terre.

Elle écrit, sur des livres de prières, sur des cartes postales ou tout ce qu'elle peut trouver, la même phrase : "Jésus, j'ai confiance en toi".

Il semble qu'elle avait une grande sérénité malgré son isolement psychique. De temps en temps, surtout quand elle est seule, elle pousse cependant un cri prolongé qui se termine par cette phrase : "Quel soleil il y a !".

Il n'est apparemment pas possible d'avoir une conversation suivie avec la mystique, car elle répète la plupart du temps le dernier mot prononcé et fixe le mur. Mais elle a également des instants de lucidité puisque, quand Marta bien lui dire que son œuvre a été mise à l'Index, elle déclare d'une voix douloureuse : « Je le savais ». Elle chasse aussi Luciano Raffaele, le secrétaire général de la Société Italienne de Parapsychologie, qui était venu avec Emilio Pisani et le Père Berti pour traiter de l'édition de son œuvre. Elle lui crie de s'en aller dès qu'il passe le pas de sa porte, probablement parce qu'elle avait senti les séances de spiritisme qu'il avait pratiquées par le passé.

Elle est restée dans cet état de prostration jusqu'à sa mort, le 12 octobre 1961.

Son isolement psychique est-il une raison de ne pas lire son œuvre ? Sachant que celle-ci a été rédigée principalement entre 1944 et 1947, quand elle était en pleine possession de ses moyens, cet argument nous semble assez faible, voire nul, surtout qu'elle a été recommandée par des saints, des bienheureux et d'autres personnalités de l'Église5.

Notes de bas de page

3 Nous nous inspirons ici du livre de François-Michel DEBROISE, A la rencontre de Maria Valtorta : sa vie, pp. 110 à 113.
4 Lettere a Madre Teresa Maria, Vol. 2, p. 90.
5 Nous invitons le lecteur à suivre ce lien pour en prendre davantage connaissance.