Erreur ou inconvenance n°4 : sainte Anne enfanta sans douleur
Regardons de plus près le chapitre qui a trait à la naissance de Marie.
Anne, écrit Maria Valtorta, « paraît fatiguée » et s'appuie sur le bras d'une parente pour retrouver Joachim. Elle est fragile et elle souffre de son état, mais comme elle le souligne, « c'est l'unique souffrance de mes derniers moments de grossesse. Elle est commune à tous, hommes et bêtes » (EMV 5). Anne souffre donc de ses neuf mois de gestation, elle souffre également lorsque son enfantement vient à son terme, mais elle est brusquement envahie par une paix extatique.
Une pâleur qui a envahi son visage lui donne un teint encore plus olivâtre.
« Tu souffres ?
-- Non. Mais j'éprouve cette grande paix que j'ai ressentie au Temple quand la grâce de la maternité m'a été accordée et de nouveau quand j'ai su que j'allais être mère. Cela ressemble à une extase, une douce somnolence du corps alors que l'esprit jubile et entre dans une paix à laquelle rien n'est humainement comparable. Je t'ai aimé, Joachim, et lorsque je suis entrée dans ta maison et que je me suis dit : " Je suis l'épouse d'un juste ", j'ai éprouvé cette paix, et encore toutes les fois que ton amour prévenant prenait soin de ton Anne. Mais cette paix-ci est différente. Tu vois, je crois que cette paix ressemble à celle qui, à la manière de l'huile que l'on étend et qui apaise les douleurs, devait envahir l'âme de Jacob, notre père, après son songe des anges. Si je m'y plonge, elle ne cesse d'augmenter à mesure que je la savoure... C'est comme si je m'élevais dans l'azur du ciel...
Cette paix est tellement grande qu'elle « apaise les douleurs ». Dieu fera quelque chose d'encore plus grand lors de la naissance de son Fils unique, puisque Marie connut l'extase et que Jésus naquit dans un océan de lumière divine (EMV 29). Dans ce cas-ci, il semble que la Pleine de Grâce vienne au monde avec la douceur d'une colombe. Si Dieu le voulait, pourquoi avoir une attitude réservée et sceptique ? Et qui peut empêcher le Seigneur d'agir ainsi lors de la naissance de l'Immaculée Conception, puisque rien n'est impossible à Dieu ? N'a-t-il pas les moyens, lui qui est Tout-Puissant, de permettre qu'une grossesse se passe bien, et dans une paix si grande qu'elle annule les douleurs de la mère qui doit enfanter ?
Biologiquement, on voit bien que l'épouse de Joachim souffre, sinon, Anne ne dirait pas que ses douleurs sont apaisées comme lorsqu'on étend une huile ou un baume. Mais la naissance de Marie est-elle que sa mise au monde se passe avec facilité. Certes, la venue au monde de la Mère de Dieu n'est pas énoncée dans l'Evangile, mais il ne nous semble pas pour autant que ce passage soit pour autant une erreur ou une inconvenance. D'ailleurs, on trouve une certaine concordance avec les propos de la vénérable Maria d'Agreda, même si ces écrits ne sont pas non plus un livre canonique, à prendre au pied de la lettre18.