Erreur ou inconvenance n°3 : le péché d'Adam et d'Ève a consisté dans l'usage du mariage dans un esprit de luxure

Nous proposons de lire ensemble quelques extraits de l'œuvre pour répondre à cette erreur relevée par les Dominicains, et nous suggérons notamment de lire des passages de l'EMV 5.

Dieu, le Père créateur, avait créé l'homme et la femme avec une loi d'amour si parfaite que vous ne pouvez même plus en comprendre les perfections. Et vous faites erreur quand vous pensez à ce qu'aurait été l'espèce humaine si l'homme ne l'avait pas soumise à l'enseignement de Satan.

Observez les plantes : obtiennent-elles leurs fruits et leurs semences par fornication, à la suite d'une seule fécondation sur cent unions ? Non. La fleur mâle produit le pollen et celui-ci, dirigé par un ensemble de lois météoriques et magnétiques, parvient à l'ovaire de la fleur femelle. Cette dernière s'ouvre, le reçoit et produit du fruit. Elle ne se souille pas en le refusant ensuite, comme vous le faites, pour éprouver la même sensation le lendemain. Elle produit du fruit et ne fleurit plus jusqu'à la prochaine saison et, quand elle fleurit, c'est en vue de la reproduction.

Voyez les animaux, tous les animaux. Avez-vous jamais vu un mâle et une femelle aller l'un vers l'autre pour une étreinte stérile et une relation impure ? Non. De près ou de loin, en volant ou en rampant, en sautant ou en courant, ils accomplissent, le moment venu, le rite de la fécondation sans s'y soustraire en s'arrêtant à la jouissance, mais ils vont jusqu'aux conséquences sérieuses et saintes de la perpétuation de la race, qui en est l'unique but. L'homme, ce demi-dieu par son origine de grâce que je lui ai accordée en plénitude, devrait accepter dans ce seul but l'acte animal rendu nécessaire depuis que vous êtes descendus d'un degré dans l'ordre de l'animalité.

Mais vous n'agissez pas comme les plantes et les animaux. Vous avez eu Satan pour maître, vous avez voulu qu'il le soit et vous le voulez encore. Et vos actes sont dignes du maître que vous vous êtes choisi. Si vous étiez restés fidèles à Dieu, vous auriez connu la joie d'avoir des enfants saintement, sans douleur, sans vous livrer à des unions obscènes, indignes, qu'ignorent les animaux eux-mêmes, les animaux sans âme raisonnable et spirituelle (EMV 5).

Ce passage montre déjà que Dieu désirait une grande pureté pour ses enfants, sans aucune luxure puisque ceux-ci ne se seraient pas livrés « à des unions obscènes », où prévaudrait uniquement la jouissance, sans qu'on ne cherche à procréer et à créer de nouveaux citoyens célestes.

Crache ta rage, Satan (...) ô Maudit qui as enlevé à Dieu la joie d'être le Père de tous les hommes créés ! Désormais, c'est en vain que tu les as corrompus, eux qui avaient été créés innocents, en les poussant à s'unir et à concevoir selon les détours de la luxure, privant ainsi Dieu, dans sa créature bien-aimée, de leur accorder des enfants selon des règles qui, si elles avaient été respectées, auraient maintenu sur la terre l'équilibre des sexes et des races capable d'éviter les guerres entre les peuples et les malheurs dans les familles (EMV 5).

Dans cette dictée, Jésus ne parle pas uniquement d'Adam et Ève : il parle aussi de tous les hommes que Satan essaie inexorablement de corrompre pour blesser Dieu et amener les âmes en Enfer. Nous nous concentrerons ici uniquement sur Adam et Ève, pour aller à l'essentiel.

Ces paroles de l'EMV 5 peuvent s'appliquer aux premiers parents, à une époque où ils n'ont pas encore conçu leurs enfants. En effet, Caïn, Abel, et Seth ont été enfantés après la Chute (Genèse 4), et cela est aussi confirmé dans la leçon n°20 de Leçons de l’Épitre de saint Paul aux Romains17.

Pour comprendre les propos du Christ, nous proposons de relire ses propos et de lui ajouter ces mots : « C'est en vain que tu les as corrompus, eux qui avaient été créés innocents, en les poussant à s'unir spirituellement dans le péché et à concevoir ce même péché selon les détours de la luxure ».

Qu'est-ce que la luxure ? Selon le Catéchisme, elle est « un désir désordonné ou une jouissance déréglée du plaisir vénérien. Le plaisir sexuel est moralement désordonné, quand il est recherché pour lui-même, isolé des finalités de procréation et d'union. » (§ 2351). Dans l'EMV 486, le Christ en parle également et dit : « La luxure c'est le désordre, ô scribe. Un désordre guidé par une intelligence libre et consciente, qui sait que son désir est mauvais, mais veut le satisfaire quand même. La luxure est désordre et violence contre les lois naturelles, contre la justice et l'amour envers Dieu, envers nous-mêmes, envers nos frères. Toute luxure. Celle de la chair comme celle qui vise les richesses et la puissance de la Terre, comme celle de ceux qui voudraient empêcher le Christ d'accomplir sa mission parce qu'ils intriguent avec leur ambition démesurée qui tremble que je la frappe. »

En l'état, on peut comprendre que la luxure n'est pas que matérielle. Elle peut aussi être entièrement spirituelle. Lorsque Ève, séduite par les paroles du Serpent, croit qu'ils peuvent devenir des dieux, lorsqu'elle pense pouvoir s'approcher du fruit défendu, elle est flattée par cette idée, se complaît dans les insinuations du serpent. Or, n'est-ce pas de la luxure ? Et quand un homme imagine pouvoir commettre un adultère en toute impunité, est-ce que ce n'est pas là aussi un acte luxurieux, et pourtant entièrement spirituel ?

Ève est luxurieuse, en son corps et en son âme. Elle désire le fruit matériel, et s'ouvre donc l'appétit des sens. Mais elle se laisse bercer par les paroles du Tentateur, et s'ouvre donc un appétit spirituel, vorace, qui est tout, sauf saint. Elle laisse entrer en elle le désordre, au niveau de son esprit d'abord, et puis ce désordre atteint sa morale et sa chair. Ensuite, c'est Adam qui se laisse convaincre par son épouse et qui pèche également, même si sa faute est moins grave. Il y a eu ainsi concupiscence de la chair et de l'esprit, et donc luxure des premiers parents. Dès lors qu'ils ne sont plus unis à la grâce, ils voient qu'ils sont nus et leur long exil commence.

Selon nous, le péché d'Adam et Ève a donc bien été marqué par la luxure, une luxure marquée notamment par l'orgueil et par la désobéissance envers leur Créateur.

Notes de bas de page

17 Dans cette leçon, il est écrit : « Par son venin, le Désordre a corrompu l'amour saint du premier Couple. Cela s'est produit avant même que "l'os des os d'Adam, et la chair de sa chair, pour laquelle l'homme quittera son père et sa mère, et s'unira à sa femme, et les deux ne seront qu'une seule chair", ne soit parvenu à lui donner un enfant, comme cela se passe lorsqu'une plante, gorgée de soleil, donne par elle-même ses fleurs et ses fruits » (Leçon n°20).