Erreur ou inconvenance n°6 : Marie dit avoir racheté les femmes par sa maternité
Après le péché originel, Ève a perdu la dignité et la pureté propre à la femme. Dans un premier temps fille de Dieu, elle a ensuite été privée de la Grâce et a été marquée par la Faute originelle. Alors qu'Adam et elle règnent sur toute la Création ainsi que sur leur propre moi, nos premiers parents ont tous deux péché et blessé le saint Amour de Dieu. Dès lors, leurs passions, et leurs désirs ne sont plus gouvernés par l'esprit. L'orgueil, la gourmandise, la luxure et la cupidité les ont notamment habités lors de l'épreuve au Paradis terrestre, et Marie rachète la femme en réparant tous les agissements d'Ève.
Ève est orgueilleuse. Elle a pourtant reçu infiniment, puisqu'elle a la Grâce, une science proportionnée à son état, et puisqu'elle vit dans un Paradis terrestre. Mais malgré tous ses dons et ses privilèges, Ève succombe à l'orgueil en mangeant le fruit interdit. Elle croit pouvoir braver le commandement de Dieu : « Vous ne mangerez pas au fruit du jardin, sinon vous mourrez ». Marie, de son côté, est humble même lors de son Annonciation et de sa Maternité divine, qui lui fait enfanter l'Enfant-Dieu. Elle s'annihile et se considère comme la « servante du Seigneur » alors qu'elle est la Mère de Seigneur. L'humilité règne en son cœur, malgré tous les dons que lui accorde le Dieu un et trine. Elle répare donc l'orgueil.
Ève est cupide : elle désire follement manger le fruit de la connaissance du bien et du mal en ne respectant pas les commandements de Dieu. Marie n'a qu'un souhait : faire la Volonté du Père, et elle renonce dès les premiers instants à son Fils pour l'offrir à Dieu et aux hommes. Elle vainc donc la cupidité de la femme d'Adam et de toutes les femmes après elles.
Ève est gourmande : elle veut savoir ce qu'il ne lui est pas permis de connaître. Marie accepte de savoir uniquement ce que Dieu lui révèle, sans jamais l'interroger sur ses agissements. Tout ce que le Seigneur fait est bien et elle lui fait surnaturellement confiance.
Enfin, Ève succombe à la luxure, en présentant le fruit interdit à son compagnon. En effet, elle ne limite pas à elle seule sa gourmandise : elle la communique aussi à Adam et elle le fait descendre dans le péché. Marie, elle, élève saint Joseph vers la sainteté, elle en fait un ange. Et loin de succomber à la luxure, elle se dépouille des richesses que Dieu lui a données : elle offre au Seigneur son Fils et elle contribue à élever toujours plus haut sa pureté et sa chasteté, réparant toutes les femmes impudiques au niveau de la chair, du cœur et de l'esprit.
Marie répare donc tous les agissements d'Ève, et par là même, elle rachète toutes les femmes par sa vie très sainte et sa maternité. Jésus le dit lui-même à Lazare, peu de temps avant sa Passion : « Le monde encore plus pauvre a besoin de deux victimes. Parce que l'homme a péché avec la femme, la Femme doit racheter, comme l'Homme rachète » (EMV 587.7).
Marie est ainsi la co-Rédemptrice, c'est-à-dire qu'elle participe à la Rédemption en offrant toutes ses prières, sa vie, et son amour pour le salut des pécheurs. Jésus aussi nous invite à prier, à nous sacrifier et à aimer pour que tous nos frères parviennent au salut. Après le Christ, Marie est celle qui nous montre le chemin royal pour sauver les âmes.
(...) Dans les siècles qui ont suivi le Christ, Marie est toujours paix et miséricorde pour l'Humanité. Avec l'augmentation des péchés, avec l'accroissement des nuages de la colère divine et des fumées sataniques, Marie est toujours celle qui disperse les nuages, désarme les foudres, et lance son pont mystique à l'humanité tombée dans l'abîme, pour qu'elle remonte par une voie suave vers son Bien.
« Je poserai mon arc-en-ciel parmi les nuées et je me souviendrai de mon pacte ».
Oh ! Vraiment l'Arc-en-ciel de paix, la Corédemptrice, est parmi les nuées, au-dessus des nuées, doux astre qui resplendit à la présence de Dieu pour lui rappeler qu'il a promis aux hommes la miséricorde, et a donné son Fils pour que les hommes obtiennent le pardon. Elle y est non comme une douceur pensée, mais comme une réalité vraie, complète, avec son âme sans tache et sa chair sans corruption. Elle ne se contente pas d'y être bienheureuse et adorante. Elle se montre active. Elle appelle et attire l'humanité au Salut (Leçon n°17).
Marie est co-Rédemptrice, et toutes les âmes qui s'unissent au Christ, qui prient, qui agissent en Lui et qui réparent avec Lui, sont des petits rédempteurs. C'est une notion qu'on retrouve ailleurs dans l'Église. Saint Paul, notamment, disait : « En ce moment je trouve ma joie dans les souffrances que j'endure pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l'Église » (Colossiens 1, 24). Tout ce qu'il vit, il les offre donc au Christ pour participer, à sa mesure, à la rédemption des âmes. Entendons bien que seul Jésus est le Sauveur, seul Jésus sauve, seul Jésus a accompli la Rédemption de tous les hommes, et celle-ci est parfaite, pour les siècles des siècles. Mais il désire et il veut que nous participions chacun au salut de nos frères et sœurs. C'est pourquoi l'Église nous encourage à prier pour les mourants et pour l'Église militante ; c'est encore pourquoi on prie pour l'Église souffrante, c'est-à-dire pour les âmes du Purgatoire. Celles-ci sont sauvées, mais elles ont besoin de nos prières pour effacer le plus vite possible leurs péchés et entrer au Ciel. Cela nous est permis par Dieu. Elles sont donc admises au Paradis par le Christ mais Jésus veut que nous l'aidions à sauver le plus âmes possibles.
Pour nous en convaincre, lisons ces extraits suivants :
"Selon le plan de miséricordieuse sagesse de mon Père, dit, je ne puis, --- Moi, le tout-puissant Seigneur, --- Je ne puis tout seul sauver le monde. Il me faut des associés, des collaborateurs ! J'ai besoin d'aides ! (Jésus à Amélie de Gibergues, Cum Clamore Valido, p. 38).
"L'Église a besoin des âmes qui s'immolent, comme de la messe ; elle vit du sacrifice de Jésus-Christ, continué de ces deux manières. Saint Paul disait : "Je complète ce qui manque de la Passion du Christ pour l'Église." La patience et l'immolation sont plus fécondes que la prière et l'action.
Oui, chères âmes qui souffrez, vous portez, vous rachetez le monde. La douleur vous change au sacrifice de Jésus-Christ, comme la parole du prêtre y change le pain et le vin. Une d'entre vous, une seule, obligerait Dieu de chercher encore à sauver la terre. » Mgr Charles Louis Gay (1815-1892), Amour et réparation, noviciat des prêtres du Sacré-Cœur, 1933, p. 14.