Introduction
En 2015, les Dominicains d'Avrillé ont écrit un article intitulé : « Que penser de Maria Valtorta ? » sur leur site internet. Ils s'arrêtent d'abord sur cette écrivaine italienne XXe siècle, qui aurait été aliénée à la fin de vie. Après avoir rappelé que le Saint-Office a interdit la publication de ses écrits, ces prêtres s'arrêtent particulièrement sur son œuvre principale, L’Évangile tel qu’il m’a été révélé1. De leur point de vue, ils s'y trouvent des erreurs ou des inconvenances, ainsi que des contradictions avec l'Evangile éternel. Enfin, ils rappellent le point de vue de Mgr Lefebvre sur Maria Valtorta, et ils encouragent à lire les Saintes Écritures et de bonnes vies de saints, plutôt que de s'arrêter sur ce récit de la vie de Jésus.
Cet article date de quelques années, et il pourrait sembler inutile de lui adresser une réponse si tardive. Nous ne partageons cependant pas leur point de vue, et nous aimerions donc reprendre leurs propos point par point pour expliquer pourquoi il nous semble qu'il n'y a ni erreur, ni inconvenance, ni contradiction avec la Parole de Dieu.
Pour réaliser un tel travail, il nous semble pertinent de présenter notre méthodologie, nos forces et nos faiblesses, ainsi que notre état d'esprit.
Tout d'abord, nous tenons à souligner que cette réponse ne vise pas à condamner les Dominicains d'Avrillé. Jamais ce ne sera notre rôle que de juger nos frères dans le Christ, d'autant qu'ils ont la joie et l'honneur d'être des membres du sacerdoce. En tant que fidèle catholique, nous respectons leur spiritualité, leur travail, leur vie, et ce n'est pas parce qu'un article va à l'encontre de l'Œuvre valtortienne que nous voulons lancer des diatribes manquant de charité et de douceur à l'égard de notre prochain. Nous avons donc voulu être respectueuse du début jusqu'à la fin de cette étude, même si nos opinions divergent et ne sont pas les mêmes.
Ensuite, ce travail a pour but d'être minutieux et complet. Quand il s'agira de défendre Maria Valtorta, nous chercherons à nous plonger dans la vie de cette auteure et dans le contexte de la publication de ses écrits. Quand il faudra plutôt défendre L’Évangile tel qu’il m’a été révélé, nous chercherons à retranscrire les extraits qui ont été dénoncés, pour bien expliquer qu'il n'y a pas de contradictions ni d'inconvenance dans ces écrits. À certaines occasions, nous reprendrons également des passages des livres annexes, comme Les Cahiers ou Leçons sur l’épitre de saint Paul aux Romains.
Citer des extraits a des avantages et des inconvénients. D'une part, cela permet d'avoir une analyse en profondeur, de recontextualiser le tout, et d'avoir donc une opinion qui peut être plus nuancée. D'autre part, cela demande beaucoup de recherche et de travail, et la qualité de ces récits est parfois tel que nous ne voyons parfois pas l'intérêt de rajouter quelque chose face aux paroles du Maître -- puisque nous croyons véritablement que c'est le Seigneur qui parle à travers ces pages. Par ailleurs, citer des passages des écrits valtortiens suscite de facto des développements plus ou moins longs, si bien que cette étude s'étend sur des dizaines et des dizaines de pages. Certains lecteurs préféreraient sans doute une réponse plus courte, qui aille davantage à l'essentiel. Nous recommandons alors la réponse de François-Michel Debroise, Réponse à l'article des Dominicains d'Avrillé, écrite en 2016 et mise à jour en 2021. La présente étude a pour vocation de lui être complémentaire, en ayant notre propre style et notre propre manière de répondre.
Enfin, précisons que ce travail n'est pas destiné à être une réponse théologique, qui se base sur le Magistère, les Pères de l'Église ou d'autres autorités ecclésiastiques. Nous répondons avec nos simples connaissances de fidèle catholique. Rien de plus. Nous ne sommes donc pas infaillible et certains arguments auraient certainement pu être mieux développés. Mais nous avons fait notre possible en réalisant ce petit ouvrage, et le reste, nous le laissons à Dieu ainsi qu'aux âmes de bonne volonté.
Notre réponse s'articulera en plusieurs temps.
Premièrement, nous nous permettrons de reproduire le texte des Dominicains d'Avrillé, en le remettant dans son intégralité, et en citant évidemment la source d'où nous l'avons tirée. Nous estimons en effet que, si nous sommes en droit de défendre notre point de vue, il est tout aussi légitime de présenter celui des Dominicains sans aucun artifice : eux aussi ont leur droit de parole. Deuxièmement, nous nous arrêterons sur Maria Valtorta et l'Église, en nous arrêtons sur son état en fin de vie, en parlant de l'autorisation orale du Pape, et en parlant également du Saint-Office. Troisièmement, nous évoquerons très brièvement l'article de l'Osservatore Romano, qui justifie la mise à l'Index de l'œuvre valtortienne en 1960. Quatrièmement, nous nous arrêterons sur les erreurs et les inconvenances présumées de l'EMV, ainsi que sur les contractions avec l'Évangile. C'est la part principale de cette étude. Enfin, nous nous arrêterons sur les propos de Mgr Lefevre et sur l'encouragement des Dominicains à lire les Saintes Écritures et de bonnes hagiographies.
La seule chose que nous voulons en rédigeant cet ouvrage, c'est de donner notre point de vue et de dire pourquoi l'EMV peut être autant bénéfique pour les âmes. Selon nous, elle peut véritablement donner des fruits de vie éternelle. Elle ne remplace pas la Parole. Elle ne remplace pas l'Évangile. Mais que de bien elle peut faire auprès des petits qui ne connaissent plus Dieu ou qui n'ont pas l'occasion de la connaître ! C'est pourquoi nous disons, en écho aux paroles du Christ : « Lisez l'Œuvre et faites-la lire. » (EMV 652) Nous laissons bien sûr chacun se faire son propre jugement. Mais voici notre avis, que nous allons essayer de présenter le mieux possible.