Conclusion

Il est temps de terminer ce travail et nous reviendrons brièvement sur les différents points que nous avons abordés.

D'abord, en ce qui concerne Maria Valtorta, nous avons expliqué les circonstances de son isolement psychique et nous avons souligné qu'elle a écrit son œuvre entre 1944 et 1947, époque où elle était encore en pleine possession de ses moyens. Puis, nous sommes revenue sur l'autorisation du Pape Pie XII, que les Dominicains d'Avrillé jugeaient invraisemblable, en citant notamment le témoignage du Père Berti. Nous avons également repris son affidavit lorsque nous nous sommes arrêtés sur le Saint-Office et son « interdiction de publier l'Œuvre (sans correction possible) ». Nous avons alors montré que le Saint-Office lui-même était revenu sur sa décision et avait notamment décidé de voir ce que la publication allait donner à cette époque.

Ensuite, en ce qui concerne les « erreurs » ou les « inconvenances » de L’Évangile tel qu’il m’a été révélé, nous avons montré qu'il n'était pas bon de délaisser la Parole -- le Seigneur lui-même le réprouve dans l'œuvre de Maria Valtorta. Mais nous avons aussi cherché à souligner qu'il donnait ce récit de sa vie pour attirer les âmes à lui, car son peuple a faim et est affamé, d'autant plus dans notre société sécularisée. Ensuite, si Jésus donne une explication symbolique à l'arbre de vie au Paradis terrestre, c'est pour mieux nous faire comprendre ses propos et ses explications. Cela n'empêche pas que celui-ci était à l'époque une réalité.

Le péché d'Adam et Ève est bien un péché de luxure, puisque la luxure, c'est le désordre qu'on accomplit en pleine liberté, en ayant conscience qu'on que notre action est mauvaise, mais qu'on satisfait quand même, parce que nous en avons envie. Ève sait qu'elle désobéit, et pourtant, elle mange quand même du fruit interdit. Adam pratique ensuite lui aussi la désobéissance et ils laissent donc tous deux le désordre diriger leur vie à cause de leur orgueil. Sainte Anne enfanta bien sans douleur, mais cela ne l'a pas empêchée de souffrir tout au long de sa grossesse. Si le Verbe de Dieu, « Lumière née de la Lumière », naquit en préservant sa Mère, il ne nous semble pas inconcevable que la naissance de l'Immaculée Conception soit aussi douce que le chant d'une colombe.

Marie ne se vante pas de son humilité avec complaisance auprès de saint Joseph ou lors de son Magnificat. Au contraire, l'Épouse de l'Esprit Saint est toujours petite et se considère comme la plus misérable des créatures, mais elle reconnaît les dons que Dieu met en elle et sait en parler quand c'est nécessaire. Pas pour se faire honneur, mais pour rendre gloire au Seigneur. Par ailleurs, Marie a bien racheté la femme par sa maternité, car si Jésus est le Nouvel Adam, elle est aussi la Nouvelle Ève, et le Christ veut que toutes ses créatures participent au salut de leurs frères. Marie nous surpasse tous à cet égard et est la co-Rédemptrice par excellence. Celle-ci a également vu l'âme lors de sa création, mais c'est un fait qui a déjà été souligné par sainte Hildegarde et par saint Augustin lui-même. Enfin, Satan s'est bien incarné en Judas, non pas physiologiquement (en ce sens qu'il ne s'est pas incarné comme le Christ, dans le sein d'une femme) mais bien spirituellement. L'apôtre lui a ouvert les portes de son corps, de son cœur et de son âme, et son adhésion au Démon a été absolue. Dès lors, Judas est et était un pur miroir de l'Ange déchu, qui pouvait agir à travers lui.

Nous nous sommes également arrêtée sur les contradictions avec l’Évangile. Le fait qu'un de ses geôliers lui donne à boire ne nous semble pas s'opposer avec les récits évangéliques. De plus, il a surtout pris la boisson en voyant, par ce geste, toutes les âmes païennes qui viendraient à lui. Que le Seigneur appelle également sa Mère sur le bois de la Croix et que cette dernière lui réponde ne nous semble pas non plus incohérent, compte tenu le supplice, la torture, et le déchirement de notre Sauveur et de la Vierge. Qui n'appellerait pas sa mère au moment de sa mort ? Et comment une mère ne pourrait-elle pas répondre à la douleur de son enfant ? Les Dominicains reprochent par ailleurs à la Toute-Pure de se fâcher et de délirer presque à la mise au Tombeau. Mais alors, la Mère du Supplicié doit affronter toute l'humanité de ses compagnons qui ne croient pas qu'il va ressusciter. À ce moment-là, elle est également abandonnée de Dieu : elle ne ressent plus son Maître et Seigneur et le Père est absent. Pour la Pleine de Grâce, c'est une souffrance immense, mais bien qu'elle fasse des reproches aux disciples, elle acceptera de retourner au Cénacle pour retrouver et fortifier les apôtres. Les Dominicains affirment ensuite qu'il y a beaucoup de sensualités dans l'œuvre. À défaut d'avoir des exemples concrets, nous avons donné deux exemples à travers les personnages d'Aglaé et de Marie-Madeleine, en soulignant que, si le péché peut être présenté sous sa forme la plus pure -- par exemple avec l'impureté des deux concernées -- l'œuvre valtortienne ne s'y complait jamais, et aussitôt, on rebondit généralement sur une élévation spirituelle, qui invite à sortir de la boue du péché pour avancer dans une grande pureté. Enfin, selon les auteurs de l'article, Pierre fait une plaisanterie malsonnante et choquante. Nous avons donc remis le contexte qui entoure cet épisode, et nous avons expliqué pourquoi, à notre sens, ses paroles de Jésus n'étaient pas outrancières envers son futur Vicaire.

En ce qui concerne les propos de Mgr Lefevre, nous avons analysé comme nous pouvions si Jésus était trop humanisé dans l'œuvre, en cachant notamment sa divinité. Puis, nous nous sommes arrêté sur divers extraits des écrits valtortiens qui soulignaient le fait que le Christ était l'Homme-Dieu par l'excellence. Nous avons également exprimé notre incompréhension sur le jugement de Mgr Lefebvre, car nous ne voyons pas comment cette œuvre peut ne pas élever l'âme, compte tenu de toutes les leçons spirituelles qui s'y trouvent. De plus, rien ne nous semble aller contre la doctrine catholique.

Enfin, bien sûr que nous encourageons les âmes à lire les Saintes Écritures ainsi que de belles hagiographies. L'EMV n'est pas un livre obligatoire pour tous les chrétiens, et chacun peut avoir des affinités différentes : les uns s'épanouiront par exemple chez saint Jean de la Croix, là où d'autres peuvent s'épanouir en lisant Thérèse de Lisieux ou sainte Gemma Galgani. Nous avons plus de réserve pour les anciennes hagiographies en revanche, qui n'attireront pas forcément les âmes d'aujourd'hui. L'EMV est a contrario très simple et accessible, et nous plonge par ailleurs dans le réel de la Palestine, quand on voit les milliers de données qui ont été vérifiées par Jean-François Lavère. L'œuvre est même analysée par des chercheurs universitaires comme Liberto de Caro ou Fernando La Greca.

Que dire de plus ? Nous croyons fermement en l'authenticité de L’Évangile tel qu’il m’a été révélé et nous avons essayé d'exprimer notre point de vue sur tous ces sujets. Nous ne savons pas si nous avons réussi ou échoué, mais quand bien même ce te travail aiderait une seule âme à discerner et à avoir un avis plus nuancé sur Maria Valtorta, alors, cette étude ne sera pas inutile.

Ce que nous pouvons affirmer, c'est que la charité, la douceur, la prière doivent animer la vie du chrétien, et la droiture d'intention doit toujours l'aider à agir sous le regard de son Seigneur. Nous Le laissons maintenant juge, et nous lui dédions ce travail. Que l'Esprit nous aide à cheminer vers la vie éternelle, en étant un pur reflet de notre Seigneur, un autre petit Christ, qui puisse amener l'Amour et le pardon sur la Terre, par nos petits gestes du quotidien et nos petits sacrifices.

Hélène Thils

Lundi 21 août 2023